rebuiLT, ou comment reconstruire un bâtiment de manière durable
La «low-tech» est une philosophie qui prône l’utilisation de technologies simples, réutilisables et facilement réparables, en opposition avec la tendance «high-tech», qui va généralement proposer une solution hyper technologique à un problème donné. «L’objectif de la low-tech est de permettre une vie confortable sans faire empirer la situation climatique», explique Alexis Chanel, étudiant en master de génie mécanique et membre du Low-Tech Lab de Lausanne. «L’approche se base sur trois piliers: la technologie doit être utile, accessible par sa simplicité et durable».
Un exemple classique d’une technologie low-tech est le four solaire, mais cela peut aussi passer tout simplement par un changement d’habitudes: «On a tendance à oublier que les légumes et les fruits peuvent être conservés sans réfrigération. Ils ont pourtant seulement besoin d’un environnement adapté: un espace aéré et lumineux pour les tomates et un endroit sec et sombre pour les pommes de terre, par exemple», explique Alexis. «Nous pouvons donc facilement réduire la taille de notre frigo en échangeant toute une partie de ce dernier par des étagères adaptées à différents aliments: c’est ce que faisaient nos grands-parents!»
Lancé en septembre 2021, le Low-Tech Lab propose déjà des projets de semestre aux étudiantes et aux étudiants intéressé·e·s: «Un des projets réalisés portait sur l’utilisation de générateurs thermoélectriques, qui fournissent un courant en présence d’une différence de température entre deux masses», explique Alexis. «On peut donc générer de l’électricité pendant nos activités quotidiennes, quand on chauffe une poêle par exemple».
Le Low-Tech Lab compte aussi le projet rebuiLT, qui vise à réemployer le plus d’éléments possibles d’un bâtiment en cours de démolition. «Nous concentrons actuellement nos efforts à faire l’inventaire et à proposer des solutions pour réutiliser les composants d’un bâtiment construit dans les années 70 et voué à la démolition», explique Maxence Grangeot, doctorant à l’EPFL et coordinateur technique du projet. Avec ces composants récupérés, l’équipe du projet compte ensuite mettre sur pied un pavillon à Ecublens. «L’idée est de poser la structure brute de l’espace dans la commune et d’inviter ensuite les habitants à co-designer le reste du pavillon dans l’esprit d’une approche low-tech», résume Alexis.
Le projet rebuiLT vise à réemployer le plus d’éléments possibles d’un bâtiment en cours de démolition. © 2022 EPFL
rebuiLT est soutenu par le Professeur Corentin Fivet, qui mène le Laboratoire d’exploration structurale (SXL). «Le laboratoire étudie de nouvelles manières de faire des structures porteuses dans les bâtiments, car ces dernières sont les plus coûteuses en ressources.», explique Maxence, dont le doctorat est co-supervisé par le SXL. «Nous nous intéressons particulièrement au réemploi de matériaux de construction, d’où la synergie avec le projet rebuiLT». Les membres de l’équipe tirent également profit du campus de l’EPFL situé à Fribourg et de son atelier PopUp, adapté à des constructions de grande envergure.
La conception du pavillon est prévue avant l’hiver 2022 et sera réalisée à travers des projets de semestre crédités et en concertation avec les associations et organismes de la commune d’Ecublens. L’équipe du projet vise lancer la (re)construction en mars 2023, à travers plusieurs chantiers participatifs.