L'EPFL inaugure un Makerspace destiné à l'apprentissage par projet
Sur l’Allée de Savoie en face d’EPFL Pavilions, se dresse fièrement le nouveau Discovery Learning Lab prototypage mécanique et électronique, alias «the SPOT», comme a choisi de le nommer la communauté EPFL. Baigné de lumière naturelle grâce à ses façades vitrées, l’édifice labellisé Minergie P se veut spacieux, épuré et favorisant les échanges.
En preuve, la pièce maîtresse du lieu, 400m2 d’open space avec une hauteur de plafond de dix mètres. Le bâtiment est destiné à booster les méninges des étudiantes et étudiants, à exacerber leur créativité et surtout à prototyper leurs projets. Qu’il s’agisse de projets MAKE, Changemakers, de projets Bachelor/Master ou émergeant d’associations reconnues par l’EPFL. «L’évolution de notre société implique des problèmes toujours plus complexes à la croisée de diverses disciplines, l’apprentissage par la pratique permet aux étudiantes et étudiants d’acquérir de nouvelles compétences et de se confronter aux défis qu’ils auront à relever dans le futur», remarque Pascal Vuilliomenet, responsable des Discovery Learning Laboratories.
Un lieu et trois espaces
Ce qui fait la singularité de ce Makerspace ? «La réunion des ressources qui permet de réaliser des projets très élaborés. Le bâtiment est divisé en 3 espaces, les zones en libre accès 24/24, les ateliers de mécanique et d’électronique accessibles sous supervision et après une courte formation, et les ateliers professionnels qui peuvent être mandatés pour la création de pièces complexes. Ces 3 espaces correspondent à la gradation dans le projet, relève Pascal Vuilliomenet. Nous avons visité plusieurs Makerspace, notamment aux Etats-Unis et au Danemark, et le fait d’avoir tout au même endroit est assez unique.»
© Alain Herzog 2022 EPFL
Outre des ateliers équipés avec du matériel de pointe, le bâtiment offre à l’étage des salles de séminaires et de réunion, des espaces pour effectuer des brainstormings ou encore une salle informatique avec des logiciels pour réaliser des simulations. Au sous-sol, il est doté d’une salle de projection 360 degrés permettant de générer des environnements virtuels et des espaces de stockage de matériel. «Cet outil pédagogique est au coeur de notre vision de l’éducation, qui articule un socle robuste de connaissances scientifiques aux multiples compétences requises pour mener un projet de son idéation à sa réalisation», souligne le Pierre Dillenbourg, vice-président associé pour l’éducation et professeur responsable du laboratoire d’ergonomie éducative CHILI.
Comprendre les difficultés pratiques
Le bâtiment est aussi à disposition pour des cours avec une composante projet. «Ce lieu ouvre de nouvelles opportunités pour l’enseignement», s’enthousiasme Pedro Reis, professeur de génie mécanique. Il y donne ce semestre son cours-projet d’ingénierie simultanée, dans lequel les étudiantes et étudiants doivent réaliser à l'aide de machines à coudre un projet d’ingénierie intégrant un aspect de génie mécanique. «Ainsi ils sont confrontés à de réels défis, élaborer une idée, trouver les meilleurs moyens pour la mettre en oeuvre, concrétiser le projet, travailler en équipe, sont autant de compétences qu’ils acquièrent.»
© Alain Herzog / 2022 EPFL
Etudiantes en génie mécanique Victoria Destras et Zoë Marsaly apprécient ce cours-projet dans lequel elles peuvent «faire quelque chose de leurs mains». «A l’EPFL, on a beaucoup de théorie, alors on aime cet aspect pratique et cette liberté de définir un projet, même si le processus d’idéation n’est pas simple», sourient les deux étudiantes qui travaillent sur un concept de mode durable.
En réalisant eux-mêmes leurs projets du brainstorming au prototypage, les étudiantes et étudiants sont confrontés aux contraintes qui jalonneront leur future vie professionnelle, et ils comprennent mieux la complexité de la réalisation de certaines pièces. «Cela constitue un gain important en terme d’apprentissage, souligne Julien Delisle, coordinateur des projets interdisciplinaires MAKE. Lors du prototypage, les étudiantes et étudiants doivent faire face à des problématiques dont ils n’auraient pas pris conscience autrement, car en tant qu’ingénieur·es ils sont parfois mieux entraînés à appliquer des solutions qu’à questionner et comprendre en profondeur une problématique ou un besoin. En réalisant ces projets, ils sont contraints de réfléchir différemment et se heurtent à des problèmes nouveaux, un prototype ne fonctionne effectivement jamais du premier coup.»
Surmonter les difficultés mais aussi travailler en équipe de manière interdisciplinaire, tel est également l’objectif de l’apprentissage par projet. «En travaillant en groupe et en devant exposer leur projet à des coachs et des professionnel·les techniques, les étudiantes et étudiants doivent apprendre à communiquer avec des personnes qui n’ont pas suivi le même cursus qu’eux, trouver un vocabulaire commun», pointe Samuel Cotture, coordinateur du SKIL qui assumera en parallèle la fonction de responsable du «SPOT». Dans ce cadre, son rôle sera justement de favoriser les échanges interdisciplinaires et de faire vivre ce nouveau bâtiment dans lequel des événements seront aussi organisés, à l’instar d’un repair café.