Vers le zéro net
Si nous voulons atteindre des objectifs de protection du climat tels que le zéro net, nous devons éliminer 80% des émissions actuelles. Cela implique également de repenser radicalement notre politique de développement urbain. À quoi devraient ressembler exactement les zones d'habitation à faibles émissions?
En théorie, il n'est pas difficile de répondre à cette question - il suffit de rapprocher A de B, de réduire les distances. Mais nos villes sont devenues moins denses: de plus en plus d'emplois ont été créés et proportionnellement de moins en moins de logements, ce qui les rend encore plus chers. Les logements raisonnablement abordables ne peuvent plus être trouvés qu'en dehors des agglomérations, ce qui augmente inévitablement la distance entre vie et travail. Dans le même temps, en développant de bons réseaux routiers et ferroviaires, l'État permet au trafic de circuler à grande vitesse entre A et B. Ce n'est pas seulement une contradiction avec les objectifs climatiques, c'est une contradiction que l'État subventionne!
Dix minutes de marche, c'est la limite.
Si nous voulons sauver le monde du changement climatique, nous avons besoin de modèles de déplacement qui contribuent à réduire les émissions. L'un des moyens d'y parvenir est d'intensifier l'utilisation des sols dans les zones appropriées. Mais remplacer une maison unifamiliale sans infrastructure de transport à distance de marche par un immeuble de cinq appartements ne suffira pas. Cela signifiera simplement dix voitures sur la route au lieu de «seulement» deux.
Nous, les êtres humains, aimons les choses confortables - ne prétendons pas le contraire. Lorsqu'il s'agit de se déplacer, beaucoup d'entre nous trouvent que marcher plus de dix minutes de A à B est trop pénible. Pour les distances supérieures à un rayon de 500 mètres, nous pourrions prendre le vélo ou les transports publics, mais malheureusement, dans la plupart des cas, nous optons pour les véhicules motorisés privés.
Non seulement plus dense, mais aussi plus mixte
En plus d'assurer un degré plus élevé d'utilisation des sols, il doit y avoir un meilleur mélange d'utilisations. Dans l'idéal, l'habitat, le travail, les loisirs et l'approvisionnement devraient se trouver à une distance de 10 minutes à pied. Autre avantage: plus l'intensité d'utilisation est élevée, plus l'offre locale est variée.
Le concept de quartier à 10 minutes que j'ai développé part du principe suivant: dans un rayon de 500 mètres, le rapport entre les résidentes et résidents et les employés et employées à plein temps est de 2:1. Pour obtenir la densification requise, il faudrait qu'au moins 10'000 résidents et résidentes et 5000 employés et employées à plein temps vivent et travaillent dans ce rayon. Et, bien entendu, les sites doivent être bien desservis par les transports publics. Il n'est pas indispensable que les gens vivent et travaillent dans le même quartier à 10 minutes. Toutefois, la probabilité que cela devienne une option augmente, et ce d'autant plus avec les possibilités de bureaux à domicile et de co-working.1
La forme des choses à venir
Dans le cadre du projet Oberstadt4D de la ville de Baden2, nous testons actuellement la manière dont ce concept pourrait être mis en pratique. En collaboration avec un large éventail de parties prenantes et à l'aide des technologies de visualisation et de communication les plus modernes, nous montrons dans un modèle spatio-temporel en quatre dimensions à quoi pourrait ressembler la transformation d'un quartier.
Notre point de départ est une zone d'habitation de 46 hectares dans laquelle vivent et travaillent aujourd'hui 3700 personnes. Comme 40% du périmètre de 80 hectares est couvert par la forêt, 9000 personnes (soit 60% de 15'000) devraient vivre et travailler dans ce quartier à l'avenir, en supposant la même quantité d'espace habitable par habitant. Oui, je sais que c'est ambitieux et que cela impliquerait de modifier certaines réglementations, mais plus il y aura de personnes vivant et travaillant à moins de 10 minutes à pied, mieux ce sera pour le climat.3
Montrer ce qui va
La réalisation de l'objectif de protection climatique zéro net implique une prise de responsabilité et appelle les décideurs politiques, les scientifiques et les praticiennes et praticiens à unir leurs forces aussi rapidement que possible. Le rôle de la science consiste à modéliser, calculer et montrer à quoi peut ressembler un habitat à faibles émissions et ce qu'il apporte. Il nous appartient d'établir un cadre dans lequel tous les acteurs peuvent discuter ensemble du processus de transformation et avoir leur mot à dire dans sa conception. Si nous disposons de la plupart des éléments nécessaires à une bonne vie à distance de marche, notre comportement et nos déplacements changeront automatiquement, ce qui réduira les émissions de CO2. Alors, allons-y !