L'urolithine A montre un potentiel thérapeutique contre la myopathie
Il est possible de retarder la progression de la myopathie de Duchenne (DMD) chez la souris en administrant de l’urolithine A en supplément alimentaire, selon une étude publiée hier dans Science Translationnal Medicine. Ces résultats laissent entrevoir le développement de nouvelles options thérapeutiques contre la DMD, une pathologie génétique incurable et caractérisée par une dégénération progressive des muscles. Environ un garçon sur 3500 naît affecté par cette maladie, qui se manifeste généralement pendant l’enfance et réduit considérablement l’espérance de vie.
Cette nouvelle recherche, conduite au Laboratoire de physiologie intégrative et systémique de l’EPFL dirigé par le professeur Johan Auwerx et à l’Université de Lausanne, en collaboration avec les scientifiques de l’entreprise Amazentis, souligne le rôle central des mitochondries défectueuses dans la DMD. Véritables centrales au sein des cellules, les mitochondries produisent l’énergie nécessaire au fonctionnement normal des muscles. L’étude montre que chez les patients humains atteints de DMD, comme chez les souris, les cellules musculaires présentent d’importantes anomalies de l’activité mitochondriale. Plus précisément, l’analyse de l’expression des gènes montre que la progression de la DMD est associée à une sensible baisse de la mitophagie — le processus cellulaire qui évacue et recycle les mitochondries défectueuses, pour maintenir de hauts niveaux d’énergie.
«De toutes les maladies génétiques mortelles incurables qui se manifestent pendant l’enfance, la myopathie de Duchenne est la plus fréquemment diagnostiquée,» explique Johan Auwerx. «Notre travail constitue une avancée significative dans la quête de nouvelles approches thérapeutiques contre les dystrophies musculaires.»
L’urolithine A, un composé naturel, est connue pour activer la mitophagie chez les humains comme chez les souris. Peiling Luan et Davide D’Amico, les scientifiques et auteurs principaux de l’étude, ont administré la molécule à des rongeurs modèles de la DMD. Après dix semaines seulement, ils ont pu constater une amélioration impressionnante de la mitophagie, jusqu’à des niveaux normaux. Ces progrès se reflètent dans une réduction drastique des dommages infligés aux muscles ainsi qu’une augmentation de leur santé et de leurs performances. Nourries avec de l’urolithine A, les souris modèles voient leur force de préhension augmenter de 31 % et leurs performances à la course de 45 % comparé au groupe contrôle des animaux non traités. Leur espérance de vie est également supérieure de 40 %.
De manière significative pour la forme humaine de la maladie, l’urolithine A réduit la fibrose musculaire du diaphragme et du cœur des souris, de 39 % et 36 % respectivement. Chez les patients humains, de telles lésions conduisent typiquement à des insuffisances cardiaques ou respiratoires fatales. L’urolithine A stimule également la régénération des cellules souches musculaires des rongeurs. Un constat particulièrement intéressant, puisque chez les humains la déclaration de la maladie est corrélée à l’épuisement des cellules souches fonctionnelles.
Selon Davide D’Amico, chef de projet chez Amazentis et premier auteur de l’article, «avant notre étude, on comprenait que chez les patients souffrant de DMD, la perte dramatique de la fonction musculaire était associée à des défaillances des mitochondries. Maintenant, nous avons découvert que la mitophagie, soit l’évacuation et le recyclage des mitochondries défaillantes, joue un rôle fondamental dans la progression de la maladie quand elle ne fonctionne pas bien».
Selon Chris Rinsch, co-fondateur et CEO d’Amazentis, «notre approche scientifique rigoureuse, publiée dans Science Translationnal Medicine, renforce les preuves quant au rôle de l’urolithine A comme puissant stimulant de la fonction musculaire. Il est réjouissant de voir que non seulement ce métabolite naturel améliore les fonctions des muscles sains, mais aussi qu’il présente un potentiel contre des maladies musculaires dégénératives dans un cadre préclinique».