L'EPFL lance un «hackathon géant» de la durabilité
C’est une initiative qui invite au partage. Avec Solutions4Sustainability, l’EPFL a lancé un appel à projets qui dépasse de loin le cadre des concours d’idées habituels. Ici, c’est la communauté de l’École dans son ensemble – comprenant donc aussi le corps étudiant et les collaboratrices et collaborateurs scientifiques, techniques ou administratifs – qui est appelée à soumettre ses idées. «Nous avons vu avec l’exemple du Covid que les labos sont capables de fédérer leurs compétences vers un objectif commun, et avec des résultats remarquables», souligne Gisou van der Goot, vice-présidente pour la transformation responsableà l’EPFL.
Au vu de l’ampleur des défis (climatique, écologique, social…) qui attendent la nouvelle génération, ouvrir encore plus la boîte à idées s’imposait donc. Solutions4Sustainability (S4S) prévoit un mécanisme de soutien qui permettra de développer les meilleurs projets dans les domaines de l'énergie verte, du stockage et de la durabilité (GESS), ainsi que dans les domaines de la capture, de l'utilisation et du stockage du CO2. L’EPFL souhaite ainsi créer un pôle d'excellence en énergie et durabilité sur ses campus, muni de démonstrateurs et de solutions prêtes à être déployées à large échelle.
Jusqu'à 30 millions de francs
Pour être retenus, dix projets devront être réalisables à court ou moyen terme et viser des réductions significatives de l’empreinte CO2, en particulier au sein de l’EPFL. Dotés d’un financement global de 10 millions de francs, ils devront pouvoir être mis en œuvre d’ici la fin de 2024. En outre, deux projets de plus grande envergure seront également sélectionnés et devront pouvoir démontrer leur faisabilité d’ici 2027, en vue d’une application plus large au niveau sociétal. Ils pourront être financés à hauteur de 10 millions de francs chacun sur 6 ans.
«Quand on parle de recherche et d’application, ce sont là des échéances très courtes, explique Gisou van der Goot. On sait toutefois qu’au pied du mur, on est capable de travailler très vite et très bien ensemble. Pendant le Covid, de nombreux labos qui n’étaient pas spécialisés en virologie ont pu apporter de nouvelles compétences à leurs collègues – et en 2 ans, SARS-CoV-2 est devenu le virus le mieux connu de tous les temps!» Son collègue Ambrogio Fasoli, vice-président associé pour la recherche, abonde: «avec un appel orienté solutions, nous stimulons les discussions entre les spécialistes de recherche fondamentale et les personnes qui sont davantage versées dans la recherche et le développement.»
L’appel a été lancé à toute la communauté EPFL le 12 décembre. Les équipes participantes ont jusqu’au 15 janvier pour monter un projet et le soumettre sur une page dédiée.
Cerveaux en ébullition
Les promoteurs du projet n’ont pas de doute quant aux belles idées qui seront déposées. Début décembre, un «ballon d’essai» a été lancé lors de LauzHack, un hackaton étudiant sur un week-end qui se déroulait à l’EPFL et pour lequel l’Ecole avait proposé des défis sur le même thème (lire encadré). «Ces étudiantes et étudiants ont illuminé mon dimanche avec leur énergie et leur créativité. Je remarque que le sujet les intéresse fortement», s’enthousiasme Anna Fontcuberta i Morral, vice-présidente associée pour les centres et les plateformes de l’EPFL.
«Cette initiative est différente de ce que l’on lance d’habitude dans les institutions de recherche, reprend Gisou van der Goot. Mais la crise que nous traversons n’est pas habituelle non plus. C’est une crise de durabilité, plus large que celle du climat et de l’énergie. Nous devons donc aussi élargir nos horizons de recherche et d’application.» L’appel est lancé.
Un hackathon, une pluie de propositions !
Le temps d’un week-end, l’EPFL a accueilli le hackathon étudiant LauzHack. Plus de 150 participantes et participants ont travaillé d’arrache-pied, nuit et jour, pour développer leur projet.
En tant que partenaire, l’EPFL avait proposé des thèmes d’inspiration autour de la sobriété énergétique et de la durabilité, sous la bannière de Solutions4Sustainability.
Plusieurs projets ont été développés dans ce cadre, dont deux font partie des lauréats du hackathon : Green Receipts et Carbon Food Print, visant tous deux à fournir un moyen simple et efficace de mesurer son impact carbone au quotidien, le premier en prenant une photo de son ticket de caisse au supermarché, le second en photographiant son assiette au restaurant.
D’autres se penchaient davantage sur la consommation énergétique des processus informatiques et imaginaient des outils pour la monitorer, la contrôler et la réduire. Un outil de partage d’équipements, destiné d’abord à la communauté EPFL, pourrait quant à lui aider à limiter les nouvelles acquisitions de matériel. Sur le campus toujours, une app permettant de signaler facilement des sources de gaspillage énergétique (porte fermant mal, local trop chauffé…) promet de notables économies. Enfin, un groupe prévoit d’automatiser le réglage du chauffage des locaux en fonction des prévisions d’occupation – et pense pouvoir générer une économie énergétique de l’ordre de 15%.
«Tant d’imagination et de bonnes idées en deux jours est vraiment de très bon augure pour notre projet Solutions4Sustainability», se réjouit Anna Fontcuberta i Morral, qui a participé à la manifestation.