«Communiquer avec un public plus large m’a sortie de ma bulle»
Trisha Stewart : «Je me suis bien intégrée dans le groupe de recherche et je me sens écoutée lorsque je propose des idées. Je travaille avec un doctorant et nous étudions l’immunologie de cellules de levures. Le matin, nous discutons du plan de la journée, avec toutes les manipulations à faire. Il s’agit par exemple d’introduire des plasmides – de petits brins d’ADN en forme circulaire – dans les cellules afin de déterminer les gènes qui influencent les mécanismes de défense. Nous discutons ensuite ensemble les résultats. Ce projet pourrait bien sûr se faire sans moi, mais je pense qu’il prendrait alors beaucoup plus de temps. Je vais rester dans ce groupe de recherche une année avant d’en intégrer un autre. Ces changements font que notre travail est très diversifié. Les apprenti·e·s comme moi participons vraiment à la recherche, et nous sommes souvent mentionné·e·s dans les remerciements de l’article ou lors de présentation. C’est important pour moi que notre travail soit reconnu.
Les sciences m’ont intéressée depuis que je suis enfant – à 4 ans je collectionnais déjà des pierres et, par la suite, j’ai souvent regardé l’émission scientifique Galileo. J’aurais pu aller au gymnase, mais je voulais du concret, pas seulement de la théorie. Lorsque j’ai compris qu’on pouvait faire de la recherche sans passer par des études universitaires, j’ai cherché un apprentissage de laborantine. J’ai passé quelques après-midis de découverte pour les trois filières – physique, chimie et biologie – et c’est cette dernière qui m’a plu le plus, car c’est pour moi la discipline qui recouvre le plus de connaissances. Il n’y a pas beaucoup de places d’apprentissage de laborantine en biologie à Zurich, alors j’ai tout fait pour être prise à l’ETH Zurich. Quand on grandit ici on connaît bien sûr l’ETH Zurich, mais on ne pense pas forcément aux apprentissages – de nombreux·ses ami·e·s pensent d’ailleurs que je suis une étudiante, pas une apprentie!
Durant le semi-confinement du printemps 2020, je me suis engagée dans le projet Lernarena, une plateforme gérée par les apprenti·e·s de l’ETH Zurich. Nous y offrons un soutien en ligne pour les élèves de l’école secondaire ainsi que des introductions à des thèmes scientifiques destinés à des jeunes en apprentissage. J’ai fait deux conférences par Zoom sur la botanique, en expliquant notamment la transpiration des plantes. J’ai beaucoup aimé cette expérience! J’ai dû apprendre à communiquer des concepts complexes à un public plus large; cela m’a sortie de ma bulle.
Après mon apprentissage, j’aimerais travailler quelques années avant d’étudier peut-être, je m’intéresse aux domaines de la forensique et du diagnostic. Cela pourrait être à l’ETH Zurich ou dans une haute école spécialisée, cela dépend de la profession que je viserai. Mon expérience dans la recherche sera de toute façon précieuse. Le début a été parfois intense, mais j’ai déjà beaucoup appris en seulement deux ans!»