Nouvelle étude sur les palmiers envahissants
L'expansion du palmier chanvre (Trachycarpus fortunei) dans les forêts tessinoises proches des habitations est telle qu'on se croirait presque sous les tropiques. Les palmiers plantés dans les jardins au cours des 50 dernières années se sont fortement multipliés et évincent par endroits les espèces végétales indigènes. Dans le cadre du programme pilote de la Confédération «Adaptations au changement climatique», des scientifiques du WSL ont examiné comment le changement climatique influence ce processus et quelles pourraient en être les conséquences pour les forêts concernées. Le rapport final de l'ensemble du programme paraîtra en mai 2023. Nous présentons ici en avant-première les résultats concernant le palmier chanvre.
Le palmier chanvre modifie la forêt et les fonctions qu'elle assure.
L'équipe de recherche du WSL a étudié la flore et la faune sur dix sites forestiers à forte densité de palmiers ou sans palmiers. Les sites riches en palmiers ne contenaient pas moins d'invertébrés, mais beaucoup moins d'espèces végétales. En outre, les palmiers chanvres affaiblissent la fonction protectrice des forêts contre les dangers naturels : leur système racinaire ne renforce que peu le sol, un peuplement pur de palmiers ne serait donc pas approprié comme forêt protectrice. Cela importe peu dans les forêts mixtes et, dans les endroits escarpés et rocheux où peu d'autres arbres poussent, les palmiers chanvres peuvent même protéger des chutes de pierres. Comme ils accumulent beaucoup de feuilles mortes, les scientifiques estiment qu'un risque accru d'incendie de forêt est probable.
Une propagation concentrée dans les zones périurbaines
Le palmier chanvre reste actuellement confiné aux forêts de basse altitude (< 900 m), mais à l'avenir, il pourra aussi coloniser des altitudes un peu plus élevées si les températures augmentent en raison du changement climatique. Les scientifiques du WSL estiment qu'il continuera à se disséminer fortement à proximité des habitations. En revanche, ils ne s'attendent qu'à une propagation lente dans les forêts éloignées des zones habitées. La production de graines du palmier chanvre étant réduite dans les forêts ombragées, il est peu probable d'y trouver des peuplements étendus et denses.
Équilibre entre l'appréciation et le besoin d'endiguement
En plus des études sur le terrain et en laboratoire, les scientifiques ont réalisé un sondage dans toute la Suisse sur la perception du palmier chanvre par la population. 59% des 2000 personnes qui y ont répondu perçoivent le palmier chanvre de manière positive et 54% le voient comme un symbole du Tessin. Alors que les interdictions ne recueilleraient que peu de suffrages, les recommandations visant à limiter la propagation du palmier (p. ex. éliminer les fleurs et les fruits, détruire les plantes retournées à l'état sauvage, planter des espèces de palmiers non envahissantes) sont tout à fait approuvées.
Le WSL développe une méthode de lutte ciblée
Les mesures de communications sensibilisent certes la population à une utilisation professionnelle de cette populaire plante ornementale. Il est néanmoins indispensable de limiter les peuplements de palmiers, même si leur élimination complète des forêts avoisinantes est irréaliste. Les scientifiques recommandent leur destruction dans certains sites précieux d'un point de vue écologique (par exemple les forêts alluviales) et le cas échéant, d'éclaircir les colonies de palmiers dans les forêts protectrices. Pour éliminer les palmiers chanvres sauvages, le WSL a mis au point et testé une méthode efficace en termes de temps et de coûts. Une coupe au ras du sol à l'aide d'une tronçonneuse permet de se débarrasser des palmiers adultes. Le cœur du palmier encore présent dans le sol doit ensuite être détruit à l'aide d'une perceuse pour éviter que les jeunes palmiers ne repoussent. Le canton du Tessin recommande désormais officiellement cette méthode, qui est appliquée par les spécialistes.