Une nouvelle méthode d'IA analyse la consommation des véhicules suisses
Les voitures neuves ont connu d’importantes évolutions techniques au cours des dernières décennies. Ces évolutions sont particulièrement pertinentes en ce qui concerne les dimensions (avec des voitures de plus en plus grandes et lourdes) et la part plus importante de SUV dans les différents segments de véhicules. Il est ainsi difficilement possible de continuer à classer les véhicules dans les catégories usuelles: petite, moyenne, moyenne supérieure et luxe. Des cylindrées moins puissantes et des moteurs à meilleur rendement compliquent la catégorisation des véhicules et par là-même, le calcul de la consommation des flottes et des valeurs d’émission, y compris pour le législateur.
Les voitures électriques entravent l'analyse
C’est en recourant à des approches mathématiques et à des techniques de deep learning que les chercheurs de l’Empa ont aujourd’hui pu répartir les véhicules en segments uniformes: une percée importante! Il s’agit là en effet d’une condition essentielle pour déterminer les futures émissions réelles de CO2 du trafic routier. L’électrification croissante rendra bientôt très compliqué de distinguer entre consommation d’énergie dans le trafic routier et autres utilisations stationnaires de l’énergie. La pertinence des valeurs de réception par type de CO2 par rapport aux émissions réelles de CO2 des masses avérées est en outre limitée. L’écart entre ces valeurs est passé de 9 à 42%, ce qui a entraîné des économies d’émissions falsifiées de 31 g de CO2/km. «Cette nouvelle approche nous permet de prédire avec précision les émissions de CO2 par segment afin d’analyser en détail les principaux facteurs qui influencent les émissions moyennes de CO2 de la flotte», explique Naghmeh Niroomand, qui a mis au point la méthode.
L’approche proposée par les chercheurs de l’Empa permet une classification précise et automatique des véhicules avec de grandes bases de données, facilitant ainsi l’analyse des changements au sein de la flotte. Cette nouvelle méthode élimine les facteurs subjectifs et établis par les experts, réduisant ainsi les erreurs de classification et permettant de comparer des bases de données du monde entier. Pour la Suisse, Naghmeh Niroomand, Christian Bach et Miriam Elser ont ainsi calculé les émissions moyennes de CO2 des voitures de tourisme nouvellement immatriculées et elles ne diffèrent que de 1,1% de l’estimation officielle de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN).
Réduire la part des SUV dans le parc automobile
Sur la base des données analysées, les experts de l’Empa ont également constaté que la voiture privée reste le moyen de transport le plus fréquent dans les régions rurales (où vit environ un tiers de la population suisse) en raison du manque d’alternatives de transport attractives. En outre, deux tiers des kilomètres-passagers sont encore parcourus en voiture malgré la forte acceptation des transports publics en Suisse (59%).
«Nos résultats montrent que les émissions moyennes de CO2 des différentes catégories de véhicules varient fortement», constate Naghmeh Niroomand. Un nombre plus important de petits véhicules ferait certes probablement baisser les émissions de CO2, mais la chercheuse estime qu’il serait plus important de réduire la part des SUV ou d’acheter des véhicules moins puissants dans la même catégorie. Il serait ainsi possible de procéder à une décarbonation plus efficace de la flotte de voitures de tourisme.