Sources des données sur les rivières et fleuves d’Europe

Un nouveau catalogue et une banque de données sur plus de 17’000 bassins versants de rivières et fleuves européens facilitent le travail des scientifiques dans le secteur de l’hydrologie. Nommé EStreams, ce projet réalisé à l’Eawag fournit des données hydrologiques et météorologiques ainsi que des informations sur le paysage des régions fluviales concernées. Les enregistrements remontent jusqu’à 120 ans.
Confluence de l’Aar, de la Reuss et de la Limmat dans le canton d’Argovie (Photo: Andreas Gerth/OFEV).

Actuellement dans la recherche hydrologique, on perd beaucoup de temps pour réunir les données de différents pays. Les langues nationales et les différents types d’accès aux données représentent souvent de véritables barrières. «Estreams concerne les données sur les débits des fleuves d’Europe et précise où les trouver», explique Thiago Nascimento, doctorant à l’Eawag. «Avec Estreams, nous avons élaboré un catalogue pour les pays européens contenant des informations indiquant où trouver les données de débit et comment les télécharger. Nous comblons ainsi une lacune.»

Thiago Nascimento et Julia Rudlang, une collègue de l’Université technique de Delft, aux Pays-Bas, ont abattu un travail de recherche minutieux sur Internet, et contacté des collègues et des autorités dans toute l’Europe pour découvrir qui pouvait mettre à disposition des données hydrologiques. Au total, ils ont ainsi collecté des données quotidiennes sur les débits de 17’130 bassins versants fluviaux d’Europe auprès de 50 fournisseurs de données dans 41 pays. La banque de donnée s’étend sur une période remontant jusqu’à 120 ans. Bien que ces données soient disponibles gratuitement, elles ne peuvent pas être publiées dans le cadre du projet EStreams pour des raisons juridiques. Mais grâce aux scripts Python élaborés par Thiago Nascimento, les personnes intéressées peuvent accéder plus facilement aux fournisseurs de données dans la plupart des pays. Lorsque cela n’est pas possible, une adresse e-mail permet de se renseigner. Une initiative qui fait gagner beaucoup de temps.  

Informations sur le paysage

EStreams n’est pas seulement un catalogue, il s’agit également d’une banque de données sur les bassins versants des fleuves d’Europe. Elle contient pour chaque région des informations sur le climat, la géologie, la topographie, l’utilisation des terres et la couverture végétale ainsi que la composition des sols et la végétation. Ces informations sont issues de diverses banques de données publiques et peuvent être téléchargées directement par les utilisatrices et utilisateurs et exploitées pour la recherche. «Je pense qu’une banque de données de cette envergure améliorera notre compréhension des fleuves et de l’hydrologie», déclare Thiago Nascimento.

EStreams peut principalement être utilisé pour l’élaboration de modèles hydrologiques, y compris ceux de la prochaine génération reposant sur l’apprentissage automatique qui nécessitent de grandes quantités de données. Étant donné que la banque de données s’étend sur une longue période, il est possible d’estimer par exemple le risque de crues ou de sécheresses. Dans un projet récent, les chercheuses et chercheurs ont utilisé EStreams pour effectuer une analyse complète des inondations historiques en Europe. Dans son travail de doctorat, Thiago Nascimento analyse pourquoi certains bassins versants fluviaux réagissent plus sensiblement que d’autres aux changements environnementaux et climatiques.

«Chaque fleuve et chaque bassin versant est unique», précise le chercheur. C’est pourquoi il est très compliqué de prévoir ce qui se passe quand une forêt est rasée dans une zone définie. Grâce à Estreams, les scientifiques peuvent utiliser l’apprentissage automatique pour définir et développer des modèles qui permettent de faire des prévisions. «Avec une banque de données de cette taille, nous pouvons nous assurer de donner à notre modèle autant de variabilité que possible, ce qui nous permet d’interpoler des modèles connus plutôt que d’extrapoler dans l’incertitude», explique le scientifique.