Le changement climatique frappera durement les hêtres

Des scientifiques du WSL ont examiné deux études sur l'avenir du hêtre. Le pronostic le plus sombre se réalisera vraisemblablement.
La sécheresse de 2018 a mis les hêtres à rude épreuve, et tous les arbres ne se sont pas rétablis. (Photo: Ulrich Wasem WSL)

Entre 2004 et 2005, deux équipes de recherche ont publié deux études importantes sur l'avenir du hêtre. L'une prédisait un avenir plutôt sombre à cette essence en raison du changement climatique. L'autre mettait en garde contre l'alarmisme et assurait au hêtre une grande capacité d'adaptation. Des scientifiques de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ont examiné les deux études à la lumière de nouvelles données. Ils en concluent que les sombres pronostics se réaliseront probablement.

L'avenir du hêtre en Europe ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Il sera lui aussi fortement touché par le changement climatique, annoncent des scientifiques de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL. «La prédominance du hêtre et la part de surface qu'il occupe seront réduites, non seulement sur les sites marginaux où les conditions ne sont déjà plus optimales, mais aussi dans une grande partie de son aire de répartition en Europe centrale», explique Arthur Gessler, chercheur au WSL et auteur principal de l'étude. L'essence souffrira notamment des années de sécheresse de plus en plus extrêmes. «La sécheresse peut entraîner le dépérissement partiel de la couronne, ce qui signifie souvent la mort de l'arbre l'année suivante», explique-t-il.

Sous le titre «Retour vers le futur - Un nouveau regard sur les perspectives du hêtre après 20 ans de recherche et de changement climatique progressif», la nouvelle étude s'appuie sur deux publications de 2004 et 2005 qui ont abouti à des conclusions divergentes. Alors que l'une prévoyait une forte menace pour le hêtre d'ici la fin du XXIe siècle, y compris au cœur de son aire de répartition actuelle, l'autre estimait ce danger inexistant – ou seulement dans les régions déjà menacées aujourd'hui par la sécheresse – et mettait en garde contre le fait de susciter l'inquiétude des propriétaires forestiers publics et privés.

De meilleures données

«Nous connaissons aujourd'hui beaucoup mieux qu'à l'époque les effets du changement climatique sur la vitalité, la croissance, la tolérance au stress et la compétitivité du hêtre, ce qui nous permet de fournir des informations plus détaillées sur son potentiel», explique Arthur Gessler. «Grâce à ces nouvelles connaissances, nous avons pu réexaminer minutieusement ces deux études.»

Selon lui, non seulement la qualité des données s'est nettement améliorée, mais les effets du changement climatique sur les hêtraies et les forêts en général sont aujourd'hui beaucoup plus tangibles qu'il y a vingt ans et ne font plus simplement l'objet de controverses scientifiques.

«Les années extrêmes que furent 2018, 2019, 2020, 2022 et en partie aussi 2023 ont causé des dégâts visibles et massifs aux arbres, ce qui laisse présager des évolutions à venir», commente Arthur Gessler. Concrètement, cela signifie que les arbres ne pourront plus assurer correctement la régénération naturelle de leurs peuplements et qu'ils seront très vulnérables aux événements extrêmes, ce qui pourrait entraîner un dépérissement à grande échelle, puis une disparition complète de cette essence en raison de l'absence de relève.

Effets positifs d'une forte diversité

L'ampleur de l'impact sur le hêtre et les sites qui seront touchés d'ici la fin du siècle dépendront de la tournure que prendra le changement climatique et donc, en fin de compte, du succès des mesures de réduction des émissions globales de CO2. «Du point de vue actuel, il ne fait toutefois aucun doute que le hêtre souffrira même en cas de réduction significative des émissions de CO2, c'est-à-dire dans le scénario plutôt optimiste concernant le changement climatique», déclare Arthur Gessler.

Selon lui, la sylviculture doit donc se préparer à des changements profonds. «Pour que les forêts soient prêtes pour l'avenir, il faudrait également introduire dans les peuplements des essences tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, comme le chêne», commente-t-il. Une grande diversité de structures et d'essences, mais aussi la diversité génétique chez le hêtre, pourraient également être utiles. Dans le pire des cas – même si le hêtre devait subir des dommages massifs dus à la sécheresse – des essences résistantes à la sécheresse survivraient alors et éviteraient ainsi au moins une perte totale.

Publication

Gessler A., Wilhelm M., Brun P., Zimmermann N., Rigling A. (2024) Zurück in die Zukunft – Ein neuer Blick auf die Perspektiven für die Buche nach 20 Jahren Forschung und weiter fortschreitendem Klimawandel. Allg. Forst- Jagdztg. 193(9-12), 206-224. https://doi.org/10.23765/afjz000101 Institutional Repository DORA

Contact

Prof. Dr. Arthur Gessler
Chef de groupe
Écologie des écosystèmes
arthur.gessler@wsl.ch