Les femmes et la science – les femmes à l’Eawag
Avec la Journée internationale des femmes et des filles de science, l’ONU s’engage pour promouvoir la carrière des chercheuses. Le potentiel est fort car les femmes sont toujours sous-représentées. Mais pourquoi donc? Nele Schuwirth, chef de département à l’institut de recherche de l’eau Eawag, pense que les raisons sont d’ordre structurel. «Pour garder les chercheuses et chercheurs d’excellence, nous devons admettre qu’ils aient à côté de leur travail d’autres objectifs tels que fonder une famille par exemple», explique Nele Schuwirth.
Le fait est qu’une carrière scientifique – en particulier aux niveaux de la thèse de doctorat et de postdoctorat – exige énormément de travail et d’engagement. Ceci est en corrélation avec le souhait de nombreux jeunes couples de travailler à mi-temps. Eawag soutient par conséquent les chercheuses avec le programme d’aide financière «Tailwind» pour reprendre leur travail à temps partiel après la maternité. Ce programme s’est établi et est fréquemment sollicité.
Eawag et la parité
Avec une proportion de 50 pour cent de femmes dans ses effectifs et de 46 pour cent de femmes scientifiques, Eawag est un employeur qui applique la parité. Les femmes et les hommes sont à salaire égal, comme le confirment des analyses régulières, et avec 34 pour cent de femmes aux postes de direction, la proportion féminine se situe à un niveau relativement élevé. Natalie Lerch-Pieper, déléguée à l'égalité des chances pour Eawag, voit plusieurs raisons à ce succès: D’une part, contrairement à d’autres institutions, Eawag est un peu avantagée dans le domaine des EPF car les spécialisations de recherche sont axées sur des disciplines qui attirent traditionnellement plutôt les femmes.
«Mais nous avons surtout réussi à ancrer à plusieurs niveaux la thématique de l’égalité des chances dans l’institution et à créer les structures nécessaires», explique Natalie Lerch-Pieper. «Nous sensibilisons les employés et les nouveaux cadres aux domaines où peuvent apparaître les préjugés sexistes et à la manière de les combattre.»
L’Eawag possède aussi le gros avantage d’avoir trois femmes sur sept membres de la direction, Gabriele Mayer, Tove Larsen et la directrice Janet Hering, déclare Natalie Lerch-Pieper. Les femmes construisent notamment des réseaux plus féminins que les hommes. «Ce que l’on nomme l’effet plafond de verre repose entre autres sur le fait que les femmes ne sont pas promues car oubliées dans les réseaux à prédominance masculine.»
Promotion de carrière
Afin de promouvoir les femmes de manière ciblée, Eawag s’engage en outre dans le programme Fix-the-Leaky-Pipeline du domaine des EPF. Les jeunes scientifiques qui envisagent une carrière de chercheuse obtiennent un soutien matérialisé par des offres de cours, de tutorat et de coaching leur permettant de planifier activement leur carrière et d’élargir leur réseau. Le programme CONNECT, dans lequel s’implique l’Eawag, permet de jeter des ponts avec l’industrie, l’économie privée et les institutions publiques afin d’ouvrir plus largement à ces scientifiques cette trajectoire de carrière.
Car en définitive, les femmes sont pour ainsi dire prédestinées à construire des ponts, pense Kathrin Fenner, chef de groupe à l’Eawag et professeur à l’Université de Zurich: «En effet, les femmes scientifiques jonglent dans leur vie avec de nombreuses exigences de tous ordres», déclare-t-elle. «Je pense que cela leur donne un discernement et une vision qui leur permettent de pratiquer une science avisée et une science au service de tous.»